Donner et recevoir

Publié le par haidaline

La période de Noël se prête bien à ce genre de réflexion et j'avais envie de partager cette
phrase"donner et recevoir". Qu'est-ce que cela signifie pour nous aujourd'hui ?
Nous vivons dans un monde de marchands, nous sommes harcelés par les
messages publicitairesqui nous poussent à consommer, à acquérir des biens.
Nous avons appris depuis notre plus jeune âge qu'il faut donner de l'argent pour recevoir
en échangela chose que l'on souhaite acquérir (nourriture, jouets, voiture, maison,
etc, etc, etc...), rien n'est gratuit.
Si l'on n'a rien dans ses poches et rien à la banque, plus de boulot, pas de logement,
on est le dernierdes derniers et mis au ban de la société, regardé avec mépris par la
masse des gens, de ceux qui enont, qui sont nantis et dans le confort mobilier.
Pourtant, cela n'a pas toujours été ainsi !
Avant, il y a longtemps, avant l'invention de la monnaie, il existait le troc.
Une économie de troc existait dans les sociétés primitives. On échangeait directement
un bien contreun autre.
Marcel Mauss, un célèbre sociologue et ethnologue, a écrit un livre très intéressant sur
le sujet, ils'intitule "Essai sur le don" dans lequel il a cherché à saisir et analyser le
phénomène social danstous ses aspects.
Il a notamment étudié et observé des tribus vivant dans le Nord-Ouest américain,
les Tlingit, les Kwakiul, les Tsimshian et les Haïdas, qui utilisent le mot "potlach" pour
exprimer justement ce rituel du donner et recevoir.
Pour ces Amérindiens, le potlach est un phénomène religieux, mythologique et chamanique.
Ils vivaient en tribus, clans et familles et restaient en relation constante avec l'esprit de leurs
ancêtres.
Mauss écrit dans son ouvrage que :

"L'obligation de donner est l'essence du potlach".
"Un chef doit donner des potlach pour lui-même, pour son fils, son gendre ou sa fille, pour
ses morts.
"Il ne conserve son autorité sur sa tribu et sur son village, voire sur sa famille, il ne maintient
son rang entre chefs que s'il prouve qu'il est hanté et favorisé des esprits et de la fortune,
qu'il est possédé par elle et qu'il la possède ; et il ne peut prouver cette fortune qu'en la
dépensant, en la distribuant, en humiliant les autres, en les mettant "à l'ombre de son
nom".

Mauss dit encore :

"Le noble Kwakiutl et haïda a exactement la même notion de la "face" que le lettré ou
l'officier chinois. On dit de l'un des grands chefs mythiques qui ne donnait pas le potlach
qu'il avait la "face pourrie".
"Au Nord-Ouest américain, perdre le prestige, c'est bien perdre l'âme ; c'est vraiment
la "face", c'est le masque de danse, le droit d'incarner un esprit, de porter un blason,
un totem, c'est vraiment la persona qui sont ainsi mis en jeu, qu'on perd au potlach,
au jeu des dons, comme on peut les perdre à la guerre ou par une faute rituelle.
"Dans toutes ses sociétés, on se presse à donner.
"... L'obligation d'inviter est tout à fait évidente quand elle s'exerce de clans à clans
ou de tribus à tribus. Elle n'a même de sens que si elle s'offre à d'autres qu'aux gens
de la famille, du clan, ou de la phratrie.
"Il faut convier qui peut et veut bien ou vient assister à la fête, au potlach.
"l'oubli a des conséquences funestes.
"L'obligation de recevoir ne contraint pas moins.
"On n'a pas le droit de refuser un don, de refuser le potlach.
"Agir ainsi c'est manifester qu'on craint d'avoir à rendre, c'est craindre d'être "aplati"
tant qu'on n'a pas rendu. En réalité, c'est être "aplati" déjà. C'est "perdre le poids"
de son nom ; c'est ou s'avouer vaincu d'avance, ou, au contraire, dans certains cas,
se proclamer vainqueur et invincible.
..."L'obligation de rendre est tout le potlach, dans la mesure où il ne consiste pas
en pure destruction.
"Normalement, le potlach doit être rendu de façon usuraire et même tout don doit
être rendu de façon usuraire. Les taux sont en général de 30 à 100 pour 100 par an.
"Même si pour un service rendu un sujet reçoit une couverture de son chef, il lui
en rendra deux à l'occasion du mariage de la famille du chef, etc...
"L'obligation de rendre dignement est impérative.
"L'individu qui n'a pu rendre le prêt ou le potlach perd son rang et même celui
d'homme libre
..."Les Haïda disent même d'une mère qui donne un présent pour fiançailles
en bas âge à la mère d'un jeune chef : qu'elle "met un fil sur lui".
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H
<br /> merci Jignasa d'être passée par là et d'avoir écrit ce petit mot.<br /> Je te souhaite également une très bonne année 2010 et une bonne santé.<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> “ Donne et Recevoir”, J’ai trop aimé cette<br /> expression… Je dirais toutes les fêtes sont aussi les fêtes de “Donner et Recevoir”…<br /> <br /> <br /> Oui… Donner et Recevoir, la joie, l’amour, les<br /> sentiments verdoyants, les émotions douces…<br /> <br /> <br /> Je te remercie ma chère amie pour cette<br /> expression…<br /> <br /> <br /> Accepte mes tous meilleurs vœux de bonheur pour le<br /> nouvel an et bonne année…<br /> <br /> <br /> <br />
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