Ne pas oublier Haïti et ceux qui sont allés au pays sans chapeau

Publié le par haidaline

Lundi 12 avril 2010

 

Voilà à présent trois mois qui ont passé depuis la terrible tragédie survenue à Haïti.

Aujourd'hui, j'ai commencé la lecture du livre écrit par l'un des écrivains haïtiens les plus

connus, Dany Laferrière.

Cet homme est né à Haïti en 1953. Il vit à Montréal et  à travers ce livre touchant qui s'intitule

"Pays sans chapeau" il parle d'un retour à Port-au-Prince, après 20 ans d'absence.

C'est un livre touchant et à travers ses mots , au fil des jours, il se réapproprie son histoire,

celle des membres de sa famille, il parle du quotidien du peuple haïtien, il fait revivre les couleurs,

les odeurs et on sent la souffrance de ce peuple, cachée là et qui surgit quelquefois lorsqu'on ne

l'attend pas.

 

Voici ce qu'il écrit au début du livre :

 

"Il y a longtemps que j'attend ce moment, pouvoir me mettre à ma table de travail (une petite table

bancale sous un manguier, au fond de la cour) pour parler d'Haïti tranquillement, longuement.

Et ce qui est encore mieux : parler d'Haïti en Haïti.

Je n'écris pas, je parle. On écrit avec son esprit. On parle avec son corps.

Je ressens ce pays physiquement. Jusqu'au talon. Je reconnais ici chaque son, chaque cri,

chaque rire, chaque silence.

Je suis chez moi, pas trop loin de l'Equateur, sur ce caillou au soleil auquel s'accrochent

plus de sept millions d'hommes, de femmes et d'enfants affamés, coincés entre la mer des

Caraïbes et la République dominicaine (l'ennemie ancestrale)."


"...J'installe ma vieille Remington dans ce quartier populaire, au milieu de cette foule en sueur.

Foule hurlante. Cette cacophonie incessante, ce désordre permanent -je le ressens aujourd'hui-

m'a quand même manqué ces dernières années.

Je me souviens qu'au moment de quitter Haïti, il y a vingt ans, j'étais parfaitement heureux

d'échapper à ce vacarme qui commence à l'aube et se termine tard dans la nuit.

Le silence n'existe à Port-au-Prince qu'entre une heure et trois heures du matin. L'heure des

braves.

La vie ne peut être que publique dans cette métropole étonnamment surpeuplée (une ville

construite pour à peine deux cent mille habitants qui se retrouve aujourd'hui avec près de

deux milliont d'hystériques).

Il y a vingt ans je voulais le silence et la vie privée.

Aujourd'hui, je n'arrive pas à écrire si je ne sens pas les gens autour de moi, prêts à

intervenir à tout moment dans mon travail pour lui donner une autre direction.

J'écris à ciel ouvert au milieu des arbres, des gens, des cris, des pleurs."

 

Je suis arrivée à mi-parcours du livre et je l'ai refermé mais que d'émotions et de

souvenirs.

Je reprendra ma lecture plus tard, sans doute ce soir ou demain.

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