Voyage à travers le temps aux Hospices de Beaune
Jeudi 11 novembre 2010
C'est fou ce qu'un voyage d'une centaine de kilomètres en voiture peut vous transporter, sans
crier gare, dans un autre temps.
Pour la première fois, je me rendais dans la ville de Beaune et pour un rendez-vous culinaire non
pas bourguignon mais japonais.
Il faut en faire parfois des tours et des détours avant d'arriver là où on ne s'y attend pas.
C'était samedi, jour de marché à Beaune, arrivée à 11 heures par un temps pluvieux, en
compagnie d'une amie japonaise, initiatrice de l'envie d'aller manger dans un bon restaurant
japonais.
Mais avant le repas, marcher dans les ruelles et vers la place du marché nous paraissait comme
une évidence et une occasion aussi de jouer les touristes.
Tout en bas de la place du marché l'Hôtel-Dieu des Hospices de Beaune s'est présenté à nous.
Bien entendu, nous sommes entrées pour visiter cet endroit unique qui nous a transportées dans
un autre temps, celui de l'époque médiévale pas encore française mais bourguignonne et pour mon amie
japonaise, ce fut un moment très fort.
Au lendemain de la Guerre de Cent Ans, Beaune souffre de misère et de famine. Les trois quarts
des habitants de la ville sont sans ressources. Nicolas Rolin, Chancelier du Duc de Bourgogne Philippe
le Bon et son épouse Guigone de Salins décident de créer un Hospice pour les "Pôvres" et font appel
à de nombreux artistes pour le décorer. Nous sommes en 1443.
Nicolas Rolin s'inspira de l'architecture des hôpitaux du Nord pour la construction de son hôpital.
Avec ses façades gothiques, l'Hôtel-Dieu est considéré comme un joyau de l'architecture médiévale
bourguignonne.
Il semble bien que les toits polychromes aient pour origine l'Europe Centrale et ce style architectural
ayant plu, il s'est peu à peu étendu en Bourgogne au point d'être considéré comme typique et traditionnel
de cette province.
Nous avons traversé à plusieurs reprises la cour d'honneur de l'Hôtel-Dieu. Ses toits recouverts
de tuiles multicolores en terre cuite émaillée ont des figures géométriques impressionnantes
du plus bel effet.
Il y avait deux galeries superposées qui permettaient aux soeurs des Hospices de Beaune
d'assurer leurs services aux malades accueillis dans ce lieu en étant à l'abri des intempéries.
Inaugurée en 1452, la Grande Saille des "Pôvres" a conservé ses dimensions d'origine
(50 m de long, 14 m de large, 16 m de haut). Cette salle des malades était occupée au centre
par des tables et des bancs installés pour les repas.
Ces repas étaient pris dans une vaisselle d'étain et non de bois. Derrière chaque lit, un coffre
permettait aux soeurs de ranger les vêtements des malades.
Sans interruption du Moyen-Age au XXè siècle, les soeurs des hospices de Beaune ont accueilli
de nombreux malades dans plusieurs grandes salles.
L'Hôtel-Dieu a rapidement acquis une grande renommée auprès des pauvres mais aussi des
nobles et des bourgeois.
La salle de la pharmacie est assez impressionnante et de nombreuses plantes utilisées pour
soigner étaient cultivées sur place dans le jardin des simples à l'arrière du bâtiment.
Nous sommes ressorties de cet endroit, impressionnées par ce voyage dans le temps et
l'espace et réconfortées de savoir que plusieurs siècles avant nos temps modernes, des gens
mêmes très pauvres ont pu bénéficier de soins et d'un accueil d'une humanité sans pareil.